Plus de 10'000 personnes font aujourd’hui partie des études Specchio sur le COVID19 à Genève. En écho à ce geste collectif fort pour faire avancer la recherche, nous avons posé quelques questions à Adélie, genevoise… et 10’001ème participante des études Specchio-COVID19 !
- Chère Adélie, merci de votre présence au sein de Specchio-COVID19. A quel moment nous avez-vous rejoint ?
J’ai reçu une lettre me proposant de participer au printemps de cette année. J’ai fait une prise de sang début juillet, trois jours après ma deuxième dose de vaccin. Mes anticorps étaient au plafond : j’imagine que j’étais une bonne candidate pour vos mesures de l’immunité au niveau cantonal ! Même si j’ai l’habitude de répondre à des enquêtes de société, c’était la première fois que je participais à une étude qui me demandait d’être physiquement présente pour une prise de sang. D'ailleurs, moi qui ne les aime franchement pas trop, j’ai plutôt eu de la chance : le jour où j’ai été piquée, il n’y avait plus que des aiguilles de pédiatrie. C’était rapide, clair, et les infirmières étaient très sympas.
- Quelles étaient vos motivations pour vous engager dans cette étude ?
J’avais besoin de me sentir active dans ce qui était en train de se passer. Participer à ces études est une manière de l’être. Et puis en tant que mathématicienne, je n’ai pas de doutes sur l’utilité de la recherche scientifique. Sauf que d’habitude, je suis toujours hors catégorie : on m’a déjà exclue d’études neurologiques parce que je suis gauchère ! Alors pour une fois que je fais partie d’un échantillon représentatif qui peut servir la science, je suis contente de pouvoir donner un peu de mon temps. Et puis d’un point de vue plus personnel, je n’avais encore pas eu de symptômes de COVID-19. Comme plusieurs personnes de mon entourage proche l’avaient contracté, j’étais curieuse de savoir si j’avais développé des anticorps. C’était une motivation collective mais aussi une belle opportunité pour faire ma petite étude statistique autour de moi.
- Qu’est-ce que vous attendez de ces études ?
Je trouve extrêmement intéressant de savoir comment les anticorps évoluent et comment la maladie progresse au sein de la population. Par exemple, j’ai pu lire dans le journal les résultats correspondant à la vague de sérologies à laquelle j’ai pris part, en comparaison à celle d’avant : c’était frappant de voir de combien l’immunité collective avait augmenté et de pouvoir visualiser l’impact de la vaccination par rapport aux contaminations naturelles. Pour l’avenir, cela me semble essentiel scientifiquement, notamment pour anticiper d’autres évènements pandémiques. Car je suis convaincue de l’influence de nos modes de vie sur le changement climatique, et donc sur la survenue d’autres épidémies.
- Est-ce que vous avez l’impression que cette période vous a sensibilisé autrement à la santé publique ?
J’ai suivi de près ce qui se passait au niveau politique et aussi au niveau des hôpitaux. Je trouve généralement qu’en terme de santé publique, on est plutôt bien informés. Mais cette crise a mis en évidence beaucoup de dysfonctionnements et d’inégalités sociétales, des conditions de travail des soignant·e·s à l’accessibilité aux soins ou à l’éducation, par exemple. Je crois que cette situation nous oblige à constater tout cela plus frontalement. Mais je regrette qu’on n’en profite pas pour réellement transformer en profondeur nos sociétés.
- En tant que participante, y-a-t-il d’autres thèmes que vous aimeriez que Specchio explore ?
La pandémie remet en cause notre système tout en accélérant un certain nombre de pratiques numériques et relationnelles. Et je pense que les études pourraient aider à montrer l’impact qu’une épidémie a sur la santé plus générale de la population sur ces aspects. D’ailleurs je me souviens des questionnaires relatifs à la santé mentale dans Specchio. Je pense que c’est un point qui a été sous-estimé dans la gestion de l’épidémie, que l’on a privilégié la santé purement physique sur le court terme. Cela fait sens, bien sûr, dans une telle situation d’urgence. Mais les études pourraient contribuer à comprendre ce que l’on doit mieux gérer pour atténuer l’impact sur la santé mentale et sociétale à plus long terme. Tout le monde a été affecté par des effets sur son bien-être psychologique. Je trouverais particulièrement intéressant qu’il y ait des recherches épidémiologiques plus approfondies à ce sujet.